Klaus Nomi Projekt
20,00 CHF
Un hommage haut en couleur en 13 monologues à l’une des figures marquantes de la new-wave américaine, martien-chanteur à la voix de fausset : Klaus Nomi.
Description
Klaus Nomi Projekt de Pierre Lepori, avec Cédric Leproust (jeu), Marc Berman (musique), dessins d’Albertine, préface de Cathy Ytak
relié couverture velours, 48 pages, 13 dessins couleurs, avec un CD audio de 60 min.
Un hommage haut en couleur à l’une des figures marquantes de la new-wave américaine, martien-chanteur à la voix de fausset : Klaus Nomi (1944–1983). Entre Purcell et Sinatra, entre Saint-Saëns et David Bowie, la trajectoire hors norme d’un immigré allemand qui embrasa les nuits fauves d’un New York kitsch et pop, avant de mourir du SIDA à 39 ans. Avec la complicité d’un comédien survolté (Cédric Leproust), d’un accordéoniste fou (Marc Berman) et d’une dessinatrice drolatique (Albertine), Pierre Lepori redonne vie et paillettes à ce météore musical, queer avant l’heure. Un texte en 13 monologues à lire et à écouter (avec CD musical de soixante minutes). Une coproduction avec la Compagnie Tome Trois Théâtre de Lausanne.
Extrait : J’étais belle, changeant de sexe à loisir, ébouriffant sans plus choquer, craquant craquante aux clubs enfumés de l’underground fin de siècle. Quelle déferlante, me voilà embarqué à toute allure dans ce que j’avais toujours brodé. Plus vite encore, plus étincelant, d’une soirée à l’autre le tapis d’une gloire attendue se déroulait sous mes escarpins de princesse cellophane. Pendant la journée, nous vaquions aux costumes, inventant sans arrêt des parures fournies, de trois bouts de ficelle tirant l’aurore boréale. Je chantais sans discontinuer: des vocalises, de l’opéra, mélangeant comme des alcools bariolés tout un cocktail de mauvais goût et de raffinement. On appelait ça la new-wave, mais j’y amenais des artifices de diva, de la poudre d’escampette, chiffonnant toute bonne séance au demeurant. Tout le monde s’amusait. Et moi, je défilais altière, telle une pythie emberlificotée dans des baves de strass. Tout le monde venait me voir, éberlué par ma voix, mes prouesses classieuses. Jusqu’à l’apothéose, une boutique des plus branchées qui se payait une perfo de mon cru. Je sortais d’un immense K dressé, tel un phallus présomptueux, dans des volutes de fumée rose, Castafiore du pop, Cunégonde candide tombée d’une autre planète pour sauver les nuits mornes d’une jeunesse en débraillance. Ce que j’avais rêvé toute mon enfance, dans la tristesse vaseuse de mon Allemagne natale! Du toc à la puissance sidérale, qui séduisait un auditoire de plus en plus garni. Tout ce que je voulais. Pourquoi alors, à l’aube d’après ces fêtes inouïes, traversant la ville parmi les monticules de neige jaunâtre au creux des macadams, je me surprenais à songer à l’étoile pointée comme un i sur la plus haute de mes montagnes d’enfance, dans l’odeur du cambouis, au soir des moissons? Ce ciel trop large et presque outrageux d’ennui, un murmure de soie dans le bourrelet le plus secret de ma mémoire. Le poison de mon enfance, comme un hoquet dans la nuit de New York, m’empêchait de fermer l’œil, de me sentir plonger, à l’abandon. La vie filait trop vite entre mes cartilages de feu-follet.
Informations complémentaires
Poids | 0,3 kg |
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Dimensions | 16 × 16 × 1 cm |
Auteurs | |
Illustrateurs | |
ISBN | 978–2‑940127–92‑4 |
Artistes |