Mavado Charon : ‘orgiapocalypse’ , exposition

Dans le cadre de BDFIL off

Expo­si­tion du same­di 10 mai au same­di 7 juin 2025
Vernissage en présence de l’artiste, same­di 10 mai de 18h30 à 21h
Entrée libre réservée aux adultes consentants.

 

Mava­do Charon des­sine de minu­tieuses fresques qu’il impro­vise au sty­lo Bic noir. Ces panora­mas sont peu­plés de loubards pédés, qui assou­vis­sent avec entrain leurs pul­sions sex­uelles et meur­trières dans un monde tour­men­té, où l’humour se cache dans les détails.

En plus des minia­tures qui l’ont fait con­naître, Mava­do expose un « retable du désir novo-his­panique » com­posé de grands draps, écrin qui mag­ni­fie ses motifs homoéro­tiques et sanglants.

Mava­do Charon vit et tra­vaille à Nantes. D’abord repérés aux Etats-Unis en 2009 par les mythiques revues gay « Butt » et « Straight to Hell », ses dessins ont com­mencé à être pub­liés en France dans des mag­a­zines pédé (« Mon­stre ») ou under­ground (« Hôpi­tal Brut », « Armée Noire », « Time­less », « Tranchée Racine »…) à par­tir de 2010.

Depuis 15 ans, son tra­vail se décline sur de nom­breux sup­ports : séri­gra­phie (« La Belle Epoque » — Lille), gravure (« Ah Pook ! » — Paris), expo­si­tions col­lec­tives (New-york, Los Ange­les, Detroit…) ou indi­vidu­elle (Arts fac­to­ry à paris en 2023) , micro-édi­tion (France, Etats-Unis, Bel­gique, Alle­magne, Turquie, Autriche…), fanzines, pochette de dis­ques, etc.

En 2018, le livre « Dirty » édité par Mania Press réu­ni l’essentiel de 10 années de dessin. Cette paru­tion a été l’occasion d’une cer­taine recon­nais­sance médi­a­tique (« Vice Mag­a­zine », « Mau­vais genre » sur France Cul­ture, etc.) et a été couron­née par l’attribution du « Prix Sade du Livre d’art 2018 », le 6 octo­bre à la galerie Suzanne Tarasieve à Paris.

Mava­do Charon fait en ce moment une pause dans sa créa­tion, et lève le voile sur sa véri­ta­ble iden­tité. En effet, après avoir cul­tivé le mys­tère pen­dant ces 15 ans d’ac­tiv­ité artis­tique, il prof­ite de cette expo­si­tion à la librairie Humus pour dévoil­er sa véri­ta­ble iden­tité, et vous donne ren­dez-vous à Lau­sanne en mai 2025. Venez décou­vrir quel auteur de BD, que l’on retrou­ve aux cat­a­logues des édi­tions Cor­nelius, Del­court ou encore les Requins Marteaux, se dis­sim­u­lait sous le cray­on bic noir de Mavado.

 

 

Chroniques

Willem à pro­pos de Dirty”, Char­lie Heb­do, jan­vi­er 2018 :
« Sade doit se sen­tir tout petit. »

Christophe Bier à pro­pos de Dirty”, Mau­vais gen­res (France Cul­ture), 23 décem­bre 2017 :

« Il se munit d’un banal sty­lo Bic Crys­tal noir et d’un papi­er machine 80 gr A4 qu’il plie en deux voire en qua­tre. Il obtient ain­si une super­fi­cie de moitié, ou de 10,5 sur 14,8 cm pour dessin­er, inlass­able­ment, depuis bien­tôt 10 ans, des scènes four­mil­lantes d’orgies sadi­co-pédéras­tiques. Pour ce mono-mani­aque nan­tais, le sty­lo-bille per­met un velouté et une sou­p­lesse iné­gal­ables. Ces con­traintes tech­niques con­vi­en­nent au dessin de guéril­la, exé­cuté dans le bus, le train, aux toi­lettes, au lit plutôt que dans son ate­lier. Le trait est puisant et minu­tieux, for­cé­ment celui d’un pro­fes­sion­nel du dessin, préservé par un pseu­do­nyme qui reten­tit comme un coup de théâtre. Mava­do Charon est le Mis­ter Hyde d’une œuvre frémis­sante de sexe vio­lent, com­posant un chaos post-apoc­a­lyp­tique. Arènes déglin­guées, camps bar­bares, squats insalu­bres, bretelles d’autoroute dévastées, zones péri-urbaines jonchées de car­cass­es de voitures flam­bées abri­tent d’affolantes par­touzes homosexuelles.

Pour la pre­mière fois l’artiste aban­donne les auto-pub­li­ca­tions, les revues con­fi­den­tielles indépen­dantes et les graphzines under­grounds pour offrir un livre-mon­stre au titre net : Dirty, édité par Mania Press. 240 pages noir et blanc off­set con­t­a­mi­nent le lecteur par leur folie inex­tin­guible de sang, de sueur, de jouis­sances et de morts. Les fan­taisies sex­uelles, les muti­la­tions, les explo­rations d’orifices ne sont jamais épuisées. Règne noir du har­nais en cuir, des chaines, des genouil­lères cloutées, des masques à gaz, des pinces à seins, des plugs pharamineux. Les maîtres s’inspirent de Leather­face, des Céno­bites de Clive Bark­er et des mas­tards pilleurs de Ken Le Sur­vivant. Au ser­vice de leur lux­u­re sans lim­ite, toute une human­ité souf­frante d’hommes-chiens encagoulés, d’éphèbes-gladiateurs, de trav­es­tis en bas-résilles, engodés, encagés, fistés, sont asservis, évis­cérés et décapités avec un ent­hou­si­asme décon­cer­tant et pourquoi pas com­mu­ni­catif. Charon avoue l’influence de l’imaginaire extrême de Hogg de Samuel Delany, l’exubérance gore des 11000 verges d’Apollinaire et les back-rooms hard­core du pein­tre Bastille. Il sur­charge de détails, à la manière d’un Jérôme Bosch shooté au pop­pers. Libre au spec­ta­teur de suc­comber à ses enfers, n’en retenir que les aspects intolérables, ou tra­quer un trait d’humour macabre : la présence saugrenue d’une lampe de chevet ou de pots de fleurs par­mi les mem­bres découpés. Il renoue avec la tra­di­tion icono­graphique des Sup­plices, pour­rait illus­tr­er Octave Mir­beau mais préfère Tony Duvert. Dirty est aus­si disponible dans une édi­tion de luxe, signée et numérotée, avec une sur-cou­ver­ture séri­graphiée. Les infer­nales visions de Mava­do Charon, dans cet écrin d’esthète, n’en sont que plus dérangeantes. »

©, Christophe Bier, 2017

Horaires & information

++41 (0) 21 323 21 70
librairie@humus-art.com
Ouvert du mardi au vendredi de 12h à 19h, le samedi de 12h à 18h et sur rendez-vous